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A propos d’une incompréhension moderne : Locke, la propriété et la régulation du système financier
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Edité par HAL CCSD
Cet article propose une interprétation nouvelle de la théorie de la propriété de Locke fondée sur la problématique financière. Il soutient que le Traité de Gouvernement de Locke a lié le droit à l’extension de la propriété à la légitimation de l’épargne par le biais d’une redéfinition financière de la monnaie; et cette démonstration doit être lue en fonction des positions que Locke a prises lors du processus d’institutionnalisation du système financier auquel il a participé (1694-97). Pour ce faire, et contre l’autocensure des commentateurs, il rappelle que Locke était un partisan de la régulation du système financier. Mais face à la faiblesse des conceptions de son époque, il lui fallait expliciter l’ensemble des dimensions de cette position : théorique et l’on peut voir que Locke a décrit in extenso le rôle de l’épargne dans le financement des entreprises, financière au travers de l’analyse critique des pratiques bancaires de son époque, mais aussi méthodologique car il s’agissait d’asseoir ces positions sur une vision moderne – id est macroéconomique - aussi bien du système financier que de la monnaie. Aussi est-ce cette question de la monnaie, indissociable de celle du droit de la propriété, qui cristallise les conceptions de Locke, et on entend par là autant celle de sa nature économique (l’origine de sa valeur) qu’épistémologique ( le statut du concept de monnaie) ; et c’est l’enjeu de son Traité que d’en avoir donné les fondements. On notera enfin que de facto ces positions de Locke ont servi de base théorique aux mesures institutionnelles prises à cette époque : que ce soit la refonte des monnaies ou celle moins connue relative à la Banque d’Angleterre. Et on en conclura que la théorie de la propriété du Traité peut être lue comme la base philosophique de ce système institutionnel en gestation.