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Problèmes philosophiques posés par l’« économie de la connaissance ». Problèmes philosophiques posés par l’« économie de la connaissance »: un essai d’interprétation kantienne de la nouvelle économie
Archive ouverte : Communication dans un congrès
Edité par HAL CCSD
International audience. Notre objet est de caractériser certaines des mutations induites par ce qu’on appelle « l’économie de la connaissance». Nous partons de l’idée que nos économies évoluent fortement car le travail devient massivement intellectuel et cela touche, pensons-nous la nature même des connaissances produites en entreprise, ainsi que le mode de leur gouvernance. Ces mutations sont mal comprises des économistes, pour des raisons méthodologiques. En effet le travail intellectuel est fondamentalement immesurable – son efficacité renvoie à sa seule pertinence - alors que la mesurabilité est un présupposé des principales théories. Nous appuyant sur Kant, nous montrerons qu’il s’agit d’une aporie majeure, qui atteint jusqu’au projet d’une science économique (toute science pour Kant, procède par délimitation préalable de son objet, et donc présuppose la mesurabilité). Contre l’illusion scientifique, nous poserons que cette économie doit être interrogée de deux points de vue spécifiques, épistémologique et managérial : avec deux résultatsLa mutation de la nature de la connaissancePour la littérature spécialisée (Foray), la connaissance est un « en-soi » défini extérieurement au monde économique. C’est une erreur, et nous poserons que, du fait de la complexité des objets, y apparaissent des modes spécifiques de connaître : à la fois collectifs et transdisciplinaires (Schmid). Tel est le cas de la conception innovante, du design thinking et du codesign dans le développement duquel nous sommes impliqués. Nous décrirons ces pratiques en détail insistant notamment sur ce que l’ancrage économique fonctionne comme une contrainte d’objectivation. Nous poserons alors l’hypothèse qu’elles peuvent dépasser les apories de la connaissance éclatée considérées comme caractéristiques de la « post-modernité»(Lyotard)Il s’agira alors de qualifier économiquement ces pratiques ; et le ferons de façon réflexive à partir de l’expérience récente du managementUne tension entre efficacité opérationnelle et pilotage financierLa caractéristique de cette économie est qu’elle génère une tension entre deux logiques de gouvernance de l’entreprise : l’efficacité opérationnelle et la rationalité gestionnaire. Celle-ci domine toujours, mais elle échoue à saisir l’efficacité de la connaissance car ses notions centrales - ressource, capital - sont par essence privatives, là où une connaissance privatisée devient inopérante. Stricto-sensu, elle n’est qu’une ressource répartie (un pseudo-capital pour Llerana). Nous montrerons par contre que le management s’est adapté à cette réalité ; nous le ferons en réinterprétant les doctrines managériales récentes. Nous décrirons alors cette tension par des exemples vécus, montrant qu’elle peut conduire à un dialogue de pilotage, au sens de Lorino, opposant le principe financier à celui de l’efficacité du travail intellectuel.Jusqu’où peut aller ce dialogue ? Jusqu’à intégrer des intérêts extérieurs à l’entreprise ? La logique le voudrait. Car le propre du connaitre est d’englober les enjeux de son contexte. Cela s’observe d’ailleurs dans certains dispositifs « d’open innovation » souvent sensibles aux questions de développement durable (Von Hippel).Nous ne pourrons cependant en juger de façon fiable. Cette contribution n’ayant de sens que de montrer les conditions d’une telle interrogation