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Redessiner les contours de l’Europe

La BU Vauban vous fait (re)découvrir l’Histoire, avec Manon, Bibliothécaire assistante spécialisée fonds ancien

D’après le poète de la Grèce antique Moschos, la civilisation européenne provient de la dynastie crétoise, qui nait de l’union de Zeus et de la nymphe Europe. Les Hellènes ont pu se rapprocher grâce à leur culture, leur religion et leur langue semblables. C’est ensuite l’impérialisme romain qui s’ins talle autour du bassin méditerranéen, en Gaule, en Germanie et en Grande Bretagne en établissant une langue (le latin), une culture et un socle juridique communs qui demeurent pendant plus d’un millénaire.

Si l’ennemi à combattre est alors le barbare pour les Grecs comme pour les Romains, le païen sera celui de l’Europe chrétienne du Moyen Age. Des figures telles que Charlemagne tente de réaliser cette vision d’une Europe unifiée en mettant en place des administrations, mais les divisions et les rivalités ont souvent entravé ces efforts. Finalement, au fil des siècles, ce sont bien des idéaux tels que le christianisme et l’humanisme qui ont contribué à forger un sentiment d’unité européenne, bien que souvent fragile et contesté.

En cette période d’élections européennes, quoi de mieux que de revenir sur un des événements historiques qui a contribué à l’édification des frontières actuelles de notre continent : le Congrès de Vienne. Pour rappel, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir en France en 1804 et étend son empire jusqu’à l’Elbe et au Rhin, place les membres de sa famille sur les différents trônes d’Europe et prend pour seconde épouse Marie Louise d’Autriche, membre des Habsbourg et fille de l’empereur François Ier d’Autriche. Il fonde l’Etat moderne avec un nouveau code, une nouvelle administration et un nouveau gouvernement.

Sa chute en 1815 marque la fin de la domination française en Europe et conduit à redéfinir les frontières du continent lors du Congrès de Vienne.  Les grandes puissances de l’époque, telles que l’Autriche, la Prusse, la Russie et l’Angleterre se rassemblent pendant plusieurs mois avec pour objectif de restaurer l’équilibre politique et territorial du continent. Si certains membres tentent d’étendre leurs frontières ou d’établir de nouvelles zones d’influence, d’autres nations, comme la France, épuisées par les années de conflits, cherchent à s’isoler pour se consacrer à la reconstruction intérieure. Quant à l’Espagne, au Portugal, et à la Suède, ces nations sont invitées mais leur influence reste limitée.  Cependant, malgré les ambitions louables du Congrès de Vienne, certains peuples européens perdent des territoires ou des intérêts comme les Belges, les Italiens, les Genevois, les Rhénans, les Polonais, les Saxons, les Espagnols, les Portugais et les Hollandais.

 

 

Figure 1 : L’Europe en un seul corps (carte du XVe siècle), frontispice d’Histoire de l’idée européenne de Bernard Voyenne, 1956

 

Le Congrès de Vienne ne se limite pas à une simple reconfiguration des frontières européennes. A partir du XVè siècle, de nombreux pays européens comme la France, la Grande Bretagne, l’Espagne ou encore le Portugal deviennent des puissances maritimes et coloniales. Ainsi, des questions telles que l’esclavage et la liberté de circulation sur les fleuves ont également été abordées lors du Congrès.  L’historien Paul Schroeder analyse le Congrès de Vienne comme étant à la fois un échec et un succès. Selon lui, l’échec résiderait dans le fait que les décisions prises ont conduit à une insurrection des peuples contre leurs dirigeants. Cependant, il soutient que le Congrès a réussi à établir un équilibre des puissances en Europe, favorisant ainsi une certaine forme de stabilité.

 

 

Figure 2 : Le gâteau des rois, estampe de la collection de Vinck à la BnF

 

Pourtant, malgré cet équilibre, l’unification européenne n’est toujours pas de mise. Bernard Voyenne offre une explication à cette impasse : ce qui freine l’unification de l’Europe n’est rien d’autre que la notion de patriotisme. Il explique que se lier à d’autres peuples européens reviendrait finalement à renier le sacrifice des ancêtres ayant versé leur sang pour la préservation des territoires et de la patrie.

Certaines personnalités comme Aristide Briand ou encore Saint Simon proposent tout de même des idées de coopération au travers de projets politiques et économiques. Le second envisage une union entre la France et l’Angleterre qui aurait pour socle le progrès industriel. Un peu plus tard, des institutions telles que le Conseil de l’Europe en 1949 et la Communauté européenne en 1952 ont été créées pour promouvoir la coopération et la paix sur le continent.

Malgré ces efforts, l’Europe reste un patchwork complexe de cultures, d’histoire et d’intérêts nationaux qui tend à s’allier contre un ennemi commun ou pour des intérêts semblables, mais qui se délite par la suite. Les défis de l’unification demeurent, mais l’histoire de l’Europe témoigne également de sa capacité à surmonter les divisions et à avancer vers un avenir commun.

Parmi nos collections, l’ouvrage de 1956 de Bernard Voyenne, Histoire de l’idée européenne, relate parfaitement l’histoire de la construction de l’Europe, au plus tôt de la période antique jusqu’aux années 1950.

Dans un registre plus océanique, nous vous conseillons un traité de la fin du XVIIIème siècle intitulé Système maritime et politique des Européens, pendant le dix-huitième siècle, fondé sur leurs traités de paix, de commerce et de navigation.

Ecrit par la BU Vauban

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