Nicolas Boulay
Jean-Nicolas Boulay, né le 11 juin 1837 à Vagney dans les Vosges et décédé le 19 octobre 1905 à Lille, était un homme de Dieu et de sciences qui, par ses enseignements, demeure une figure emblématique de l’Université Catholique de Lille. Fils cadet d’une famille chrétienne dont le père était cultivateur, son intérêt pour la botanique s’intensifia alors qu’il suivait une formation en théologie. Aidé et inspiré par Dominique Alexandre Godron, professeur à la Faculté des sciences et directeur du Jardin botanique de Nancy, il entreprit en parallèle à sa préparation au sacerdoce des études en sciences naturelles. Il fut ainsi ordonné prête puis vicaire de Rambervillers en 1861.
Nicolas Boulay donna ses premiers cours de sciences en 1865 au Grand Séminaire de Saint-Dié où il déplora le manque de soutien de sa hiérarchie ecclésiastique malgré la reconnaissance de la qualité de ses travaux par ses pairs. Après une tentative avortée de création d’une université catholique dans le sud de la France, la renommée de ses travaux lui ouvrit les portes de notre université alors récemment inaugurée. Professeur de botanique pour les étudiants de première année de médecine et de pharmacie et de sciences naturelles pour les étudiants de licence, il inspira de nombreux élèves tels que les futures chanoines Alfred Carpentier et Georges Depape qui se spécialiseront tous deux dans l’étude de la paléobotanique avant de devenir doyens de la Faculté libre des sciences.
Attiré par la perspective de créer un jardin botanique devant la faculté de médecine, son entrée à l'Institut Catholique de Lille se révéla être l'une des décisions les plus marquantes de sa carrière. Elle témoigne notamment de son dévouement envers la science et son désir de partager ses connaissances avec les étudiants et la communauté académique. C’est ainsi que, grâce à deux thèses que sont Principes de la distribution des Mousses en France et Terrain houiller du Nord de la France et ses végétaux fossiles, il se vit attribué le titre de Docteur ès en sciences naturelles. Il fut ainsi désigné comme l'un des trois administrateurs de l'ICL, aux côtés d'Edouard Hautcoeur et de Gabriel de Vareilles Sommières, dans les premiers statuts de l'institution. Cette nomination souligne son influence et son rôle crucial dans le développement et la direction de l'institution. Nicolas Boulay occupa également le poste de doyen de la faculté des sciences de l'ICL à deux reprises, de 1892 à 1895, puis de 1904 à 1905. Durant son mandat, il contribua à façonner le programme d'études scientifiques de l'ICL et à promouvoir la recherche dans le domaine de la botanique et de la géologie.
Extrait des carnets
Sur la construction du Jardin
"1983 : Courant de septembre et octobre, j’ai levé et fait le plan du jardin. Le 21 octobre écrit à monsieur Grès de Haybes et à monsieur Débry Hugheville pour des ardoises à border les plates-bandes. La liste des espèces à introduire est ébauchée. Dans le courant de décembre, j’ai présente mon mémoire à la commission permanente et au recteur. Mes propositions ont été adoptées le 9 janvier 1884.
"1983 : Courant de septembre et octobre, j’ai levé et fait le plan du jardin. Le 21 octobre écrit à monsieur Grès de Haybes et à monsieur Débry Hugheville pour des ardoises à border les plates-bandes. La liste des espèces à introduire est ébauchée. Dans le courant de décembre, j’ai présente mon mémoire à la commission permanente et au recteur. Mes propositions ont été adoptées le 9 janvier 1884.
Les travaux ont commencé le 1er mars par un terrassier. Arrivée dans le courant du même mois de 700 m. de bordures fournies par Débry Hugheville. Une centaine d’arbres et arbustes fournis par la maison André Leroy. Dans le courant de ce mois de mars, les plates-bandes de 4 m. longeant l’avenue ont été faites et plantées des arbustes reçus d’Angers et de ceux en dépôt, rue de la Barre, qui ont été repris. La première série de plates-bandes à gauche de la porte d’entrée a été ébauchée. Fin mai : toute la partie à gauche de la porte d’entrée est ébauchée. Divers dépôts formés par … de grès pour recueillir de terre bourbeuse, de terre de jardin, pour plantations etc. Octobre. Vers le 15, reprise et plantations d’environ 270 espèces du jardin provisoire rue de la Barre. Voyage au bois de Phalempin d’où on a rapporté environ 40 espèces de plantes vivaces et d’arbres ou arbustes. Reçu 30 espèces de Frère Héribaud de Clermond-Ferrand. Envois annoncés du Jardin des Plantes. Des demandes de plantées adressées en outre à Pierrat, abbé Monchy. Des répertoires de noms de genre des catalogues méthodiques rédigées ou préparés. Les plates-bandes du côté droit sont ébauchées à l’exception de 7 ou 8. Novembre-décembre : un second envoi d’Héribaud de 30 à 40 espèces. Le jardinier a achevé les plates-bandes qui restaient à faire, s’est occupé de repeindre les étiquettes et à rempoté les plantes de la serre. Décembre : on commence l’appropriatuin provisoire du jardin. Toute la partie à gauche de l’entrée a été nivelée, on a commencé la rectification des sentiers et l’étalage d’une couche de scories permettant la circulation de pluis et ensuite la gelée survenue le 25 a interrompu ce travail. Cependant une butte de décombres existant à droite du bâtiment a été déplacée pour combler un fossé ; le jardinier a remis en état les plantes de la serre et continué le nettoyage des étiquettes.
15 Février 1885 : Bien reçu de Monsieur Flahaullt une caisse contenant des souches de 46 espèces des… de Montpellier et environ 170 espèces de graines d’après le catalogue de leur jardin annoté par moi.
Janvier 1886 : la neige est tombée le 29 décembre pour fondre bientôt après, il n’en reste plus de trace le 1 janvier. Le jardinier reprendra la peinture des étiquettes en bois du jardin pour s’occuper pendant le mauvais temps après quelques beaux jours. […] J’ai fait venir du bois pour clore mon jardinet et organiser les serres de l’orangerie. […] 19-20 janvier : gelées modérées. Le jardinier s’occupe de la clôture de mon jardin spécial. Je reçois le catalogue de graines du Muséum en échange du mien qui a été envoyé à une dizaine de jardins botaniques. On m’a fait la demande d’une vingtaine d’espèces de Bruxelles.
22 octobre 1885 : J’arriverai facilement dans le courant de l’année prochaine à tenir 2500 espèces au jardin...
Novembre 1885 : On peut noter dès ce moment le bon fonctionnement de la serre où les plantes se développent avec vigueur.
Lundi 22 mars 1885 : Le jardinier met en pleine terre des plantes qui ont passé l’hiver en orangerie, particulièrement des liliacées ; il a semé le blé de mars, les avoines, les seigles etc. il a mis en pot à la serre une belle collection de saules reçue du Muséum. Il a dès le lendemain commencé à préparer les emplacements des semis à faire en pleine terre.
16 mai 1886 : La végétation des arbres est magnifique, l’aspect général du jardin est satisfaisant malgré un certain nombre de vides qui sont encore trop apparents à cette saison, mais disparaîtront en bonne partie quand les semis auront poussé. Le parc des graminées est le plus misérable à cause de son exposition détestable. Une haie sera nécessaire du côté du bâtiment de médecine."