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Limites et psychiatrie : enjeux éthiques : actes du colloque "Limites et psychiatrie, enjeux éthiques", [31 janvier 2020, Marseille] / organisé par la commission "Éthique et psychiatrie" de l'Espace éthique méditerranéen, du CEREM et de l'UMR 7268 ADÉS, Aix-Marseille Université/EFS/CNRS
Livre
Edité par LEH Édition - 2020
« Passé les bornes, y a plus de limites » : notre époque semble avoir pris au pied de la lettre ce mot d'esprit d'Alphonse Allais (1854-1905). L'injonction est partout de « repousser ses limites », « faire bouger les lignes », « se dépasser ». L'illimité est une promesse ; la limite une provocation, un défi que la science est appelée à relever. Le regard se porte à l'infini, aux confins, vers un homme augmenté pour un destin qu'une vie seule ne semble plus apte à contenir. Pourtant la limite n'est-elle pas aussi inéluctable que nécessaire ? Nous avons besoin de limites pour ordonner, structurer nos espaces, nos actions. Une fois reconnues les bornes, là où l'on ne peut pas aller, cette limite acceptée, respectée, contribue à ce qu'adviennent créativité et inventivité. La limite en tant que frontière nous aide à penser : « On doit échapper à l'alternative du dehors et du dedans… La critique, c'est l'analyse des limites et la réflexion sur elles. » Cette posture énoncée par Michel Foucault est particulièrement pertinente dans l'exercice de la psychiatrie, discipline médicale singulière qui questionne la notion de « limite » à bien des égards. Frontière ou continuum entre le normal et le pathologique ? Existerait-il des bornes, des seuils, des barrières entre santé mentale et contrôle social, voire contrôle de l'ordre public ? Troubles, dysfonctionnement, désordre, pathologie, handicap… comment construire une nosographie quand les repères sont mouvants, fonction de la norme et des valeurs ambiantes ou même des attentes sociales ? Que nous disent ceux qui se tiennent aux limites, qui ne semblent plus les percevoir, ou qui délibérément les transgressent ? Sont-ils tous des « patients » ? La limite est aussi réalité tangible : les murs de l'institution, de l'hôpital qui, en délimitant physiquement une aire géographique, marquent un espace de soins. Mais ils définissent aussi des territoires plus symboliques qui renvoient à l'exclusion, à l'entrave faite à la liberté de circuler.
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